Aït Seghrouchen de l'Atlas Oriental

 

 
Carte ait seghrouchen
Issus du groupe ethnique des Zénètes, les Aït Seghrouchen sont maintenant pour la plupart installés dans le sud marocain, du sud d’Er-Rachidia à Gourrama et jusqu’à l’extrême est du Haut Atlas, ainsi que dans la région de l’oasis de Figuig.
 
Leur foyer est le jbel Tichoukt dans le Moyen Atlas, dans les environs de la petite ville de Boulemane. Dispersé, leur territoire y forme de petites enclaves.
Les Aït Seghrouchen se divisent en plusieurs groupes : les Aït Seghrouchen d’Harira, les Aït Seghrouchen du Kandar, ceux de Sidi Ali et les Aït Hammou de Talsinnt la faction la plus importante.
 
Aït Khalifa en costume traditionnel.
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Le colonel Jean Boule Desbareau, à l’époque lieutenant nouvellement en poste  raconte en juillet 1930 ses premiers contacts avec des Aït Hammou, une faction Aït Seghrouchen  ralliée après le combat de Tarda :
 « J’entre dans la pièce où habite le chef et je partage un repas avec lui et cinq de ses meilleurs guerriers. C’est la première fois que je vois des Aït Hammou dont j’entends sans cesse parler depuis deux mois. Hommes, femmes, enfants, je ne crois pas possible d’unir comme ils le font la finesse, la beauté et la sauvagerie ! Ce sont bien de grands seigneurs du baroud, leur seule passion. La majesté des femmes est impressionnante : à tout âge, elles semblent faites de feu et d’intrépidité; leurs bijoux conviennent le mieux à leur allure farouche; leur démarche a une souplesse féline, prête à l’attaque. » 
Femme des Aït Seghrouchen
Costume traditionel d une femme d ait seghrouchen
 
Leur probable ascendance, dont ils se réclament, avec Moulay Ali Ben Amar, proche d’Idriss II, leur fait toujours jouir d’un grand prestige dans la région malgré les razzias qu’ils firent subir aux tribus voisines dans le passé.
 
Déjà rebelle, Moulay Ali Ben Amer, soutenu par les tribus amazighes, se refugie plus loin dans le Pays de Talssint, au nord de Boudnib dans le sud-est marocain, après la mort d’Idriss II, fuyant le royaume Idrisside menacé au nord par les omeyyades d’Espagne et à l’Est par les fatimides.
L'attachement des Aït Seghrouchen à leur ancêtre est toujours si vivace qu’ils l’honorent chaque année en lui dédiant un moussem qui se tient près de Talssint
Prestige renforcé durant la bataille de Tichkout en 1924-1926 lorsqu’ils résistèrent héroïquement aux troupes françaises et à leurs bombardements durant deux hivers dans la neige de leurs montagnes avant que le froid et le manque de provisions les fassent se rendre.
 
 

 


Usvtxq3685000000 lCertains s’engagèrent ensuite aux côtés de la France à l’intérieur du 2è GTM, groupe de tabors marocains. Ce corps d’infanterie légère de l’armée d’Afrique a existé de 1908 à 1956, date de l’indépendance marocaine. 

Ces goumiers, supplétifs puis réguliers, se sont particulièrement illustrés durant la deuxième guerre mondiale en participant à la libération de la Corse, de l’Ile d’Elbe et durant la campagne d’Italie, puis en Indochine de 1946 à 1954, obtenant de nombreuses médailles et citations sous les ordres du général Guillaume.
 
 
Goumier
Le Lieutenant-Colonel J. Barrere retrace dans un article paru en 1952, titré « l’Odyssée des Aït Hammou », la vie guerrière de cette tribu, l’étendue de da sa bravoure et l’amour de l’indépendance du Maroc : 
«De 1908 à 1932, soit pendant un quart de siècle, la sécurité des Confins Algéro-Marocains a été dominée par le problème Aït Hammou (Aït Seghrouchen de Talssint) en leur payant un lourd tribu. On affirme sans crainte d’exagération que le Marocain guerrier-né, excelle dans la guerre de coups de main et d’embuscade. On peut aussi bien avancer que les Aït Hammou sont passés maîtres ès-qualité en ce genre de combat. Par leurs jiouch (milice) ou la simple menace de ceux-ci, ils font peser sur nos arrières un malaise intolérable. Ils nous imposent des servitudes de sécurité excessivement lourdes, gênent la régularité de nos communications, de nos convois de ravitaillement ; ils sont partout et nulle part, ils sont hors de la portée de nos coups.
Les jicheurs tous volontaires sont encadrés de « moqqadimine » et commandés par un chef de jich ou de « rhezzi », choisi aussi bien pour son courage que pour sa chance au combat ; parmi les chefs connus il faut citer Hammou-Ali-Kerdous, ancien « kébir » des Aït Hammou, et ses deux fils, Mohand-ou-Arab, Hammou-Ali-ou-Bou-Toulout, ou Gaga et son frère Hammou ou Assou-El Gour, etc.
Très habiles à utiliser le terrain, les Aït Hammou n’offrent que des objectifs fugitifs, insaisissables contre lesquels le feu de nos armes automatiques reste à peu près inefficace. 
 
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Grâce à leur extrême mobilité, ils acceptent le combat ou le rompent à leur gré, décourageant ensuite leur poursuite par la vitesse de leur retraite qui dure quelques fois plusieurs jours. Ils excellent à repérer et à suivre les traces sur le sol et savent parfaitement les interpréter. Il suffit de ne pas tomber dans l’embuscade et qu’il ne faut combattre que toutes forces réunies, en face d’un jich important. On veut bien croire que leur chance de succès y était plus grande que partout ailleurs (connaissance plus approfondie du terrain, des gens, de leurs habitudes, facilité de compromission avec les soumis), mais on peut se plaire de penser qu’un autre mobile les guide, peut-être même à leur insu, l’attachement au pays de leurs pères.
De 1926 à 1932 il ne sera question que de meurtres, caravanes pillées, troupeaux razziés, armes enlevées, ksouriens mis à rançon. Après 1932 jusqu’à leur soumission, ils poursuivent la longue liste de leurs méfaits dans les régions occidentales de Draa, dans des conditions plus difficiles qui gênent leurs actions. Partout ils font preuve de leur science du bled. Mais, si en particulier de Béchar à Mcissi et de Maatarka à Taouz, ils évoluent avec une aisance qui démontre combien ils peuvent être familiarisés avec les moindres mouvements du terrain, ils ont fait de Talssint la région de prédilection de leurs méfaits.»
C’était la première fois au Maroc qu’une tribu berbère quittait son territoire pour continuer si loin de ses montagnes un combat de résistance.

 

Talssint fantasia des mokhzanisPays de Talssint. Fantasia des mokhzanis.

 

Date de dernière mise à jour : 16/07/2019

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