Tinghir dans l'Histoire

 

    «?Les guerres, fréquentes ailleurs, sont continuelles au Todra».
Charles de Foucauld.

 

Tinghir en 1965

1965 tinghir?

Si Tinghir et plus largement la vallée du Todra sont riches d’une histoire médiévale et contemporaine connue, remonter le fil de l’histoire très au-delà de l’ère chrétienne s’avère difficile pour les chercheurs.

Malgré tout, des recherches archéologiques ont mis à jour des outils antiques, des nécropoles et des gravures rupestres qui semblent attester la présence de petits foyers d’habitations remontant au néolithique au sud de l’Atlas.

                                                                                                                             

 

Ancêtres des berbères.  

 

C’est avec l’apparition des proto-méditerranéens, ancêtres des amazighs, de -7000 à -5000 av JC que l’on peut dater les traces d’habitat dans le sud marocain.

Vraisemblablement d’origine eurasienne, cette civilisation caspienne venant de la région de l’actuelle Gafsa en Tunisie, se serait répandue dans l’ensemble du Maghreb. 

Ils ont laissé derrière eux des gravures, des peintures sur des coquilles d’œufs d’autruche, des sites funéraires, des outils témoignant d’une petite activité agricole synonyme de sédentarisation.

 

Ait ouazik

Gravures rupestres d'Aït Ouazik près de Tazarine

                                                                                                                                                                                                                                                                                             Le dernier millénaire avant JC.

 

Cette période a vu l’installation en vagues successives de populations juives fuyant les persécutions. Celles-ci se sont ‘’berbérisées’’ au contact des populations locales tout en gardant leur foi religieuse que certains berbères auraient par ailleurs adoptée.

La première vague eut lieu sous Salomon (1) entre -970 et -931, puis après la destruction du 1er Temple en -587 puis enfin en 70 de l’ère chrétienne après celle du deuxième par les romains.

Pièces de monnaie découvertes dans la mine d'Imiter.

Imiter
 

                      Le Todra et le premier royaume marocain.

En cette deuxième moitié du premier millénaire, le Todra était une région prospère et indépendante à la population sédentaire.

Située sur les axes des routes caravanières, le commerce y était florissant et l’agriculture développée, probablement grâce aux plantations de ce palmier dattier importé tôt des rivages du Nil.

Le savoir faire des artisans juifs permit le développement et l’exploitation des mines d’argent du petit état indépendant du Todra et en 757 une monnaie fut frappée à l’effigie d’Idriss 1er (2) fondateur du premier royaume marocain.

                       

L’islamisation du Todra.

Malgré l’islamisation entamée par la dynastie Idrisside et la domination khadijiste (3) de Sijilmassa (4) à partir des années 780, les berbères du Todra, s’ils ont abandonné leur culture animiste, rétifs à l’assimilation,  gardèrent leur langue et le droit coutumier qui régissait leur vie. 

En 1060, les almoravides (5) s’emparent du Tafilalet et de Sijilmassa sous la conduite de Youssef ben Tachfin. Le Todra restera sous cette influence jusqu’à la conquête almohade (6) auquel elle sera aussi soumise sous le règne de Abd el Moumin premier calife de la dynastie de 1145 à 1163.

 

Le ‘’Kitab El Ansab’’.

Il n’y a malheureusement que très peu d’écrits relatant ces périodes. Ce livre ancien du XIIème siècle, le Kitab el Ansab, recense les tribus vivant dans la palmeraie du Todra. En plus des Aït Toudgha ils s’y trouvaient des tribus toujours actuelles, les Aït Snan et les Aït Izdegh.

Au bout d’un siècle, les Hafsides de Kairouan remplaceront les Almohades, puis ce sera les Mérinides de 1274 à 1331 qui régiront la vallée. 

Les tribus bédouines Béni Maâqil venant d’Egypte, renforcés de berbères arabisés, déferleront sur les vallées du Drâa, du Todra et du Ziz en cette deuxième moitié de XIVe siècle, ajoutant une domination supplémentaire sans pour autant parvenir à arabiser les tribus du Todra.

                                                                                         

                                                                                                                                      Ruines de Sijilmassa dans les environs de Rissani

Sijilmassa rissani 2

1511, un témoignage sur Tinghir. 

 

En visite à Tinghir en 1511, Hassan al Wazzan, dit Léon l’Africain, mentionnait que la vallée du Todra était riche de dattes, de figues et de raisin, mais que sa population, pour l’essentiel des paysans et des tanneurs, était pauvre.

 Il soulignait aussi l’existence de quatre ksour et d’une dizaine de villages. Ces ksour sont certainement ceux d’Aït el Haj Ali, le vieux mellah (7) de Tinghir, celui d’Imzin à la population juive, d’El Hart n’Laamine et d’Asfalou, sur la rive gauche du Todra qui, en bordure de falaise  avait deux quartiers, l’un juif, le deuxième musulman.

La gouvernance saâdienne. 

1531 marque la conquête du Todra par Beni Saad (8), la palmeraie connaitra une période de paix et de stabilité prospère jusqu’à sa mort en 1601, marquant la fin de la dynastie saâdienne. 

Toujours très désirées les palmeraies présahariennes, synonymes de voies commerciales, mais aussi les lieux de passage des transhumances, continuèrent d’être l’objet de luttes acharnées entre les diverses confédérations Aït Atta du Sagho, Aït Yafelman(9) de l’Atlas mais aussi avec les zaouïas de Illigh dans l’Anti Atlas et de Dila Aït Ishak dans le Haut Atlas Central.

Le Todra et les Alaouites. 

C’est à la suite d’une grande instabilité suivant la fin de la dynastie saâdienne qu’en 1631 Moulay (10) Rachid originaire du Tafilalet, revendiquant un lien de parenté avec Ali, le gendre du Prophète, se proclame Sultan et unifie le royaume marocain alors morcelé en micro états indépendants.

Alaouites

   

   Il instaure un pouvoir central à partir de 1669, marquant la naissance de la dynastie chérifienne (11) régnant encore de nos jours.

   En 1663, comme une grande partie du pays, la vallée du Todra est sous le contrôle de My Ismaïl, successeur de My Rachid. Ce sera avec l’aide des tribus du Todra, du Ferkla et du Gheris (12) qu’il arrivera à vaincre les nomades du Haut Atlas. 

   Un gouverneur en place à Rissani, berceau des Alaouites (13), contrôlera alors le Todra jusqu’à la mort du Sultan en 1727 qui voit la reprise des conflits entre tribus Aït Atta et Aït Yafelmane pour la possession des pâturages et des lieux de transhumance.

Le pouvoir des Alaouites sur la région ne sera plus que nominal.

 

La colline Ighir n’Mehalt.

Troisième fils de  Mohammed III du Maroc, Moulay Slimane prend le pouvoir en 1792. 

Après avoir vaincu les Aït Moghrad (14), il investit Tinghir en 1822 avec ses troupes et s’installe sur la colline Ighir n’Mehalt qui domine la cité et prend le contrôle du ksar de Tinghir. 

Ses premières décisions furent de lever l’impôt et de déporter à Mekhnès les hommes du ksar d’El Hart. 

Ayant obtenu la reddition des Aït Moghad, pour assoir son pouvoir sur la palmeraie du Todra, il nommera Caïd un certain Beni Hia, originaire du moyen Atlas, qui s’installera au ksar El Khorbat à Tinjdad.

Les Aït Moghad profitant de son appui se lancèrent de nouveau à l’assaut des oasis, mais se heurtèrent dans le Todra à une violente résistance des Aït Atta à qui la population avait offert des terres en échange de leur protection. 

Ils y construisirent une dizaine de ksour pour assurer une meilleure défense contre les Aït Morghad.

 

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"Les guerres, fréquentes ailleurs, sont continuelles au Todra.’’

 

C’est dans un de ces ksour que Charles de  Foucauld alors en visite au grand  souk du lundi à  Tinghir et, séjournant au quartier juif de Taourirt n’Imzilen, l’actuel Imzin, en 1884, fit cette description.

Et de continuer : <<…ainsi, point de précaution qu’on ne prend : chaque localité est resserrée dans un étroit mur d’enceinte et de toutes parts se dressent des agueddims [tours de guet]. Durant le temps que j’ai passé à Taourirt, ce ksar était en guerre avec son voisin, Aït Ourjedal ; chaque jour on se tirait des coups de fusil ; les fenêtres, les lucarnes des maisons, étaient bouchées ; on n’osait monter sur les terrasses de crainte de servir de point de mire : les deux localités sont si proches que, malgré le peu de portée des armes, on s’atteignait de l’une à l’autre >>.

Cet exposé succinct montre à quel point les antagonismes et rivalités étaient forts entre tribus ou villages voisins et le pouvoir local incapable d’imposer la paix.

 

Pacification du Todra.

 

Les descendants du caïd Beni Hia ne versant plus tributs au royaume, le Sultan régnant, My Hassan premier du nom, lança une nouvelle expédition sur le Todra en 1892.

Après avoir vaincu les rebelles Aït Moghad basés au Ferkla, il nomma un nouveau gouverneur et séjourna lui aussi sur la colline Ighir n’Mehalt jusqu’à la totale pacification de la palmeraie et l’acquittement de l’impôt royal.

Gorges

Le Glaoui de Telouet.

Une fois le Todra soumis, My Hassan 1er fit route sur Marrakech en faisant halte à Telouet dans le Haut Atlas.

Bien reçu par le caïd local El Madani El Glaoui (15), il lui accorda  le titre de Calife des Glaoui, du Todra et du Tafilalet. Les glaoui forts de cette nomination tentèrent, mais sans succès, de s’imposer dans le Todra en 1900. 

Les Glaoui étaient une puissante et importante tribu de la région du Haut Atlas dont le fief est Télouet près du col du Tichka.

En 1912 Thami, frère d’El Madani, nommé Pacha de Marrakech par dahir (16) du Sultan My Youssef,  devient un collaborateur indispensable au protectorat français (17) qui veut pacifier le sud marocain et les populations berbères rebelles. 

 

 

Éxpéditions militaires dans l’Atlas.

 

C’est à ce titre qu’en 1900 il effectuera en  une première expédition au Todra et au Tafilalet, mais il échouera dans sa tentative de conquête.

En juillet 1918, nommé entre temps Pacha de Marrakech, Thami el Glaoui monte une deuxième expédition au Todra, il réussira à y vaincre les Aït Atta mais sans obtenir leur reddition. 

A cette époque, au nord de Tinghir,  le haut Atlas central était difficile d’accès ; les tribus qui y habitaient souvent rebelles et totalement mystérieuses pour des européens qui n’y pénètreront que vers la fin des années 1920.

 Malgré l’appui du protectorat, il faudra une troisième tentative et le Pacha pourra, en janvier 1919 bâtir sa résidence que l’on appellera ensuite la Kasbah du Glaoui.

 Elle trône toujours, en ruine maintenant, sur la colline d’Ighir n’Mehalt à Tinghir d’où elle avait pour but de contrôler une palmeraie, en théorie, soumise.

 

Todgha rouget 2La résistance au protectorat dans la vallée du Todra.

 

Un mois plus tard, le général français De Lamothe défile à Tinghir, recevant le serment d’allégeances  des chefs de villages Aït Toudgha au Sultan et au protectorat. 

Mais une fois de plus les Aït Atta  déclinèrent l’invitation.   

Rentrant en dissidence, avec l’aide des Aït Moghrad du Ferkla et des Aït Atta du Tafilalet, qui en avaient déjà chassés les occupants français et créé une petite province autonome, ils prirent Tinghir d’assaut et la pillèrent.

Malgré la présence dominatrice française le calme ne revint pas.

Les turbulents Aït Moghrad sous le commandement d’un harratine de Taghbalt appelé Ba Ali, un Noir de la région de Tazzarine avaient réussi à contrôler tout le Ferkla. Celui-ci agissait comme représentant de Belkacem n’Gadi, seigneur du Tafilalet. 

Installé à El Khorbat, dans la demeure de l’ancien caïd Beni Hia, Ba  Ali pilla de nombreux ksour et villages du Todra avec l’appui de celui d’El Hart.

En juillet 1920, le Pacha Thami el Glaoui se décida à lancer une quatrième expédition dans le Todra.

Il essaiera de pacifier la palmeraie avec 8000 hommes et quelques pièces d’artillerie malgré la résistance continuelle des Aït Atta et de leur charismatique Amghar (17), Assou Ou Bassalam, originaire du ksar de Tahia Illamchane. 

La Kasbah du Glaoui est prise d’assaut par les forces Aït Atta en 1927. Seul le ksar de Tinghir et quelques villages étaient restés fidèles au caïd de Tinghir, Saïd Ou Laïd Ou Tifnout nommé à ce titre en 1920 par la Pacha.

 

L’intervention française.

 

Bien établie depuis la création de son poste en 1928 à Ouarzazate, l’armée française intervient directement en 1931.

L’Amghar Assou Ou Bassalam est délogé de son ksar Tahia n’Illamchane et se réfugie dans le jbel Sagho.

Il finir par y capituler à la bataille de Bou Gafer en 1934, après trois jours de bombardements intensifs de l’artillerie et de l’aviation française basée à Ouarzazate.

Au bout de dix siècles d’incessantes luttes souvent fratricides, de guerres d’influence, d’invasions, la vallée du Todra est pacifiée. 

Tinghir soumission 1925

Bureau des Affaires Indigènes.

 

Après la création du poste militaire français d’Ouarzazate, des Bureaux des Affaires Indigènes seront ouverts.

Par un arrêté du 2 octobre 1931 le Bureau des Affaires Indigènes d’Imiter est, en outre, chargé de l’action politique à poursuivre sur les populations de l’oued Todra et ses affluents.

Puis en juin 1934 un cercle administratif Dadès-Todra est créé. 

Un Bureau des Affaires Indigènes voit le jour à Tinghir. Il sera chargé d’un contrôle politique et  administratif sur les tribus des vallées d’Imiter et du Todgha. 

Une caserne est bâtie sur Ighil n’Mehalt, non loin de la Kasbah du Glaoui agrandie, affirmant davantage la présence française.

L’on dénombrait alors à Tinghir ‘’intra muros’’ trois quartiers : Aït el Haj Ali, Iharhane et Aït Barra.

Vers l’après-guerre et l’indépendance.

En 1944, le Cheikh Bassou Ou Ali, originaire d’Aït Barra fit construire une grande et belle demeure qui deviendra plus tard la kasbah de l’hôtel Tombouctou. 

A partir des années 1950 jusqu’à  l‘aube de la guerre des six jours, la communauté juive de Tinghir s’exile en Israël, laissant derrière eux plusieurs magnifiques mellah et leur savoir faire artisanal.

Cheikh bassou3

                 Tinghir, capitale provinciale.

À partir des années 1970, presque un tiers de la population masculine émigre vers les mines du Nord de la France.

L’argent injecté par ces travailleurs et celui des employés de la mine voisine d’Imiter logés dans le nouveau quartier de Taouzekt, participe largement au développement économique, touristique et artisanal de la ville.

Faisant auparavant partie de la province d’Ouarzazate, Tinghir avec tous ses nombreux atouts s’est vue promue par décret capitale de province suite à un redécoupage administratif en 2009. 

La ville commence alors à se transformer et depuis 2010 de vastes chantiers de rénovation et de réhabilitation du centre-ville et des quartiers environnants ont été entrepris.

Un pont neuf a été créé sur l’impétueux oued Todra, favorisant la circulation ver Er-Rachidia et surtout désenclavant les populations du Todra lors des crues de celui-ci.

Si, en 2016, tous ces chantiers ne sont pas encore achevés, notamment en centre-ville, celle-ci a néanmoins changé, donnant un aspect plus en adéquation à ses besoins.

Haïtam.

Souk à Tinghir. 1937/39

Souk tinghir 19371939

Annotations :

1. Salomon : fils de David, roi d’Israël de 970 à 931 av JC. Il bâtit un temple   également connu sous la dénomination de Premier Temple car il  fut, selon la Bible, le premier temple juif de Jérusalem. Ce temple fut détruit par Nabuchodonosor II en 587 av JC. Le Second Temple est reconstruit à l'époque perse sous Zorobabel. Restauré et agrandi sous Hérode Ier le Grand à partir de 20 av. J.C., il est  détruit en l'an 70 de l’ère chrétienne par les Romains, au terme de la première guerre judéo-romaine.

2. Idrîss Ier : en arabe Idriss Ibn ‘Abd Allah al Khamil, est appelé au Maroc Moulay Idrîs al-Akbar. Petit-fils d’Ali et Fatima, la fille du Prophète Mahomet, Il fait partie d’Ahlul Beyt, la Maison du Prophète, et est de confession sunnite. Chassé de Bagdad, fuyant les combats entre factions musulmanes, réfugié dans le moyen Atlas, il est recueilli par les tribus berbères aouraba. Il rejette l’autorité de Bagdad. Il est assassiné après trois ans de règne, son fils posthume, Idriss II, unifie le nord du Maroc et fonde la dynastie Idrisside avec Fès comme capitale.

3. Khadijsme : ?awarij en arabe signifie dissident, il  est avec le sunnisme et le chiisme l'une des trois principales branches de l'Islam. Il se divise à son tour en diverses communautés et tendances. Contestataire dans l’Islam, tout au long de l'histoire du monde musulman, le kh?ridjisme a survécu, en dehors de son existence de secte, sous la forme d'une mentalité et d'un idéal s’appuyant sur une stricte lecture du Coran. Pour les berbères résistants à l’islamisation et à l’arabisation, la rébellion a pris la forme du khadijisme car Il a été souvent synonyme de rébellion envers un pouvoir central opprimant.

                                                                                                                                                                                                  Famille du Todra. 1935.

Tinghir 1935

4. Sijilmassa : a été aussi  la capitale de l’Emirat khadijiste éponyme ayant existé dans la région du Tafilalet entre les années 758 et 1055. L'Émirat fut fondé par Abou al-Qassim Samgu ben Wassoul al-Miknassi. Ancienne ville importante du point vue commercial au Moyen Âge, elle était un passage obligé des routes caravanières vers Bilal el Sudan, l’Afrique subsaharienne. Elle était bâtie à côté  de l’actuelle de ville de Rissani au sud d'Er-Rachidia.  Elle est rasée en 1818 par des tribus berbères de la confédération Aït Atta, des ruines attestent toujours de son existence.

5. Almoravides : Les Sanhadja, berbères nomades originaires de l’Adrar mauritanien étaient organisés sous la forme d'une confrérie religieuse combattante. On les appelle Almoravides, de l'arabe el-morabitum qui veut dire : ceux du ribât. Le ribât était un fortin défensif occupé par des ‘’moines’’ guerriers. Avec le temps ils deviendront des gîtes pour les voyageurs et des refuges pour les mystiques. Après avoir repris leur ville commerçante Aoudoghost à l’Empire du Ghana, en 1058, ils se lancent à la conquête de Sijilmassa et du Maghreb sous la conduite de Youssef ben Tachfin. Ils fondèrent un empire allant de l’actuel Sénégal à la péninsule ibérique et l’Algérie. Youssef en Tachfin deviendra le premier Sultan de cette dynastie  amazighe et fonde Marrakech qu’il prend comme capitale en 1062.

6. Almohades : vers 1120 cette dynastie berbère créa à Tinmel dans le haut Atlas un mouvement religieux appelé Almohade, ’’ qui proclame l’unité divine’’, ensuite la dynastie éponyme qui régna sur le Maghreb et Al Andalus de 1145 à 1248. Anciennement située à 100 km au sud de Marrakech, elle est connue pour être la ville d'origine des Almohades et le point de départ de leurs campagnes militaires contre la dynastie almoravide.

7. Mellah : au Maroc, quartier dans lequel résidait la population juive. Bâti en pisé, il était ceint de hautes murailles.

8. Beni Saâd : dynastie chérifienne d’origine arabe, ils règnent sur le Maroc entre 1554 et 1660. Princes de Tagmadert à partir de 1509, ils gouvernent à partir de 1511 une principauté s'étendant sur le Souss, le Tafilalet et la vallée du Drâa.

9. Aït Atta et Aït Yafelmane : confédérations de tribus berbères ennemies. Les Aït Atta sont originaires du Jbel Sagho, les Aït Yafelmane principalement du haut Atlas. Ces tribus étaient souvent en conflits pour le contrôle des pistes de transhumance et les lieux de pâturages.

Souk tinghir 1937194010. Moulay : mawl?yy  en arabe est un titre marocain porté par les descendants d'Al Hassan et Al Hussein, petits-fils du Prophète Mahomet, signifiant Monseigneur. Le féminin est Lalla, Madame. Précédant le prénom usuel, Il est notamment porté par les dynasties Idrisside et Alaouite. Souvent formulé sous l’abréviation My.

11. Chérif : un chérif est un descendant de Mahomet par sa fille Fatima via l'un de ses deux petits-fils, Hassan et Hussayn. En arabe, la forme plurielle achrâf désigne en particulier les nobles des grandes dynasties comme les alaouites au Maroc considérées comme issues du Prophète par son gendre Ali.

12. Ferkla et Gheris : palmeraies voisines de celle du Todra.

13. Alaouites : dynastie chérifienne originaire du Tafilalet dont ils se proclament princes en 1631 dans le chaos qui s’installe à la mort du Sultan saâdien Ahmed el Mansour. Moulay Rachid en sera le troisième Prince et le premier Sultan Alaouite en 1666. Mohammed VI, l’actuel monarque est le descendant de cette dynastie.

14. Aït Moghad : tribu de la confédération Aït Yafelmane. Ils occupaient les versants méridionaux du haut Atlas central et oriental, l’oasis du Gheris étant leur foyer naturel.

15. Glaoui : lignée dynastique de cadis (caïds) qui régenta une partie plus ou moins grande du sud marocain à partir du XVIIIème siècle. La dynastie glaoui connut son apogée en 1912 lorsque Madani puis THami, son frère, soumirent puis régirent pour le protectorat français les tribus du haut Atlas. Surnommé « le Seigneur de l’Atlas », Thaami El Glaoui fut le plus célèbre d’entre eux. Ce fut aussi un des plus grands collaborateurs du protectorat français. En décembre 1950, il demanda au sultan Mohammed V de ne plus suivre le Parti de l'Istiqlal favorable à l'indépendance du Maroc. En 1953 ses manœuvres conduisirent, le Sultan Mohammed V et le Prince My Hassan, futur Hassan II, à l’exil, en Corse puis à Madagascar.

16. Dahir ou dahir chérifien : décret royal. Dans la législation marocaine ce terme désigne le sceau du roi apposé sur les textes de lois votés au parlement, certains décrets comme que des nominations aux emplois supérieurs prennent aussi le terme de dahir.

17. Protectorat français : régime politique mis en place par le traité franco-marocain de Fès en mars  1912. Il durera jusqu’à l’indépendance du Maroc déclarée le 18 Novembre 1955 par Mohammed V. Ce qui impliquait que le gouvernement chérifien perdait sa souveraineté sur une large partie de son territoire.

18. Amghar : Chez les Aït Atta, l’Amghar est un chef élu pour une année. C’est lui qui gèrera la communauté, et les ressources en eau et pâturages, tranchera les conflits et rendra la justice avec les autres notables tribaux. Assou Ou Bassalam était un chef de guerre particulièrement charismatique,  après l’indépendance il s’insurgea contre la suppression du droit coutumier berbère par les autorités marocaines et continua à la faire appliquer dans sa région. 

Date de dernière mise à jour : 18/07/2019

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