Aït Atta du jbel Saghro
Les nomades rebelles du Sagho
Originaires du Jbel Saghro, cet immense massif aux paysages lunaires entre les vallées du Drâa et duTafilalet, au sud du Haut Atlas, les Aït Atta appartiennent à la plus importante confédération de tribus du sud-marocain.
Des chênes verts de l'Atlas aux palmiers di Drâa Tafilalet
Le ‘’Kitab El Ansab’’, livre ancien du XIIème siècle relatant les généalogies des tribus berbères de l’époque attestait déjà de la présence des Aït Atta dans la vallée du Todra. Luis del Marmol Carvajal, chroniqueur espagnol du XVIème siècle, ayant vécu de nombreuses années dans les régions berbères du Maghreb, mentionne, lui, l’existence d’une province ‘’d’Ytata’’ dans sa ‘’Descipción generale de Africa’’ en 1571. Pour Ibn Kaldoun les Aït Atta appartiennent au groupe des Sanhadjas appelé aussi Zénagas nomades originaires du sud-ouest saharien.
Un sanctuaire protégé
Le Jbel Sagho et ses oasis semi-montagnardes, Tazzarine, N’Kob, restent néanmoins leur sanctuaire et c’est par besoin de nouveaux pâturages que les Aït Atta ont entamé leur expansion vers le nord et les hauteurs de l’Atlas.
« De la vie de Dadda ?Atta on ne connaît que ce que rapportent quelques récits plus ou moins légendaires. Il serait originaire du Jbel Sarho et il est à peu près sûr qu’il périt lors d’un combat qu’il livrait contre les Arabes Ma’qil et qu’il fut enterré à Taqqat n’Ilektawen, défilé montagneux au sud de Tagunit, dans la haute vallée du Dadès. L’une des principales légendes de fondation des Ayt ?Atta est celle des 40 petits-fils de Dadda .
Dadda ?Atta avait 40 fils qui se marièrent tous le même jour ; durant les festivités de la noce, un berger des Ayt Siddrat prit les fusils des époux et remplit d’eau leurs canons puis se rendit chez ses contribules, les invitant à attaquer les Ayt ?Atta. Les fils de Dadda ?Atta ne purent se défendre et furent tous massacrés. Mais comme ils avaient déjà passé deux nuits avec leurs épouses, le temps venu, les veuves mirent au monde 39 fils et une fille. Dadda ?Atta vécut assez longtemps pour assister à la vengeance de ses petits fils qui chassèrent les Ayt Siddrat jusqu’au Tizi n l’’Azz dans l’Atlas central.» (D. Hart, 1967)
La volonté d’expansion des Aït Atta à partir du Sagho n’est pas dirigée uniquement vers le nord où leur progression est stoppé par les Aït Moghad qui vers 1645 avaient fondé avec les Aït Hdiddous la confédération Aït Yafelman.
Au sud-est, vers le Tafilalet, leur progression fut stoppée à la fois par les Aït Yafelman et les chorfas(2) alaouites maîtres du pays bénéficiant du soutien du makhzen, 1893-94.
À l’est, ce sont les troupes françaises d’Algérie qui les bloquèrent à l’oasis de Touate (1899). Ils lutteront ensuite contre l’occupation française jusqu’en 1934, à la bataille de Bou Gafer.
C’est dans ce refuge quasi inviolable d’une vingtaine de kilomètres carrés appelé ‘’taftraoute n’Aït Atta’’ que sont conservés dans le village de Tiniourchane par les descendants de leur saint Moulay Abdallah, le drapeau de guerre des Aït Atta ainsi que le parchemin sur peau de dromadaire sur lequel était transcrit la division des Aït Atta en cinq khoms (cinquièmes).
Une organisation tribale particulière
L’élection avait lieu au printemps dans le sanctuaire Aït Atta de ‘’ taftraoute n’Aït Atta ’’ en présence d’un Cherif, neutre, appartenant à la tribu de l’un de leurs deux saints hommes.
Les Aït Atta bénéficiant d’un droit coutumier complexe et très codifié, issu des traditions du pastoralisme nomade, c’est aussi là que siégeait leur cour suprême, l’istinaf.
Un droit coutumier strict
Celle-ci était composée de six hommes devant connaître parfaitement le droit coutumier. Ils étaient choisis dans trois clans pour trancher les affaires ‘’judiciaires’’, les conflits liés aux pâturages, aux relations souvent conflictuelles avec les tribus voisines, les successions…
De plus l’amghar n’oufella étant destituable à tout moment s’il manquait à ses devoirs, cependant, de hauts faits guerriers pouvaient le faire réélire deux ans à suivre.
Assou ou Basslam, le charisme Aït Atta
Considéré comme un héros national, particulièrement dans le sud-est marocain, Assou Ou Bassalam fut nommé par Feue Sa Majesté Mohammed V, Caïd d’Ikniouin après l’indépendance du Maroc. Profitant peu de cette indépendance pour laquelle il combattit courageusement, il décédera en 1960 dans un Jbel Sagho libéré.
Des guerriers redoutés
La bataille de Bou Gafer
1 Aït Yafelmane : Descendants des nomades Sanhadja, massivement installés dans le haut Atlas central et méridional sous la domination Almoravide au début du XIIème siècle, ils sont regroupés au sein d’une vaste confédération de tribus, les Aït Yafelmane, ‘’ceux qui veulent la paix’’, depuis le milieu du XVIIème siècle, notamment pour garantir leurs pâturages des incursions de leur ennemi héréditaire Aït Atta qui ne voyaient pas toujours d’un bon œil l’installation de nouvelles tribus dans leurs aires de transhumance. Les Aït Moghad et Aït Hdiddous en font partie.
2 Cherif (sing) : Ce terme désigne un noble, un notable. Titre que porte avant tout un descendant du Prophète Mahomet par sa fille Fatima. Pour cela au Maroc on parle de royaume chérifien.
3 Sijilmassa : ancienne ville commerçante fondée en 757 par les zénètes de la tribu Miknassa, peu de temps après la révolte berbère de 739-743 dirigée contre les gouverneurs arabes représentant les Omeyyades de Damas.
Date de dernière mise à jour : 16/07/2019
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