Femmes oubliées

 

Femmes oubliées

Dont on ne parle jamais…

Pourtant l’on vous voit passer,

Ombres colorées au dos chargé

Qui passent leur chemin sans rechigner.

Au détour d’un sentier ensoleillé

Point de sourires lorsqu’on vous croise,

Juste un regard aussi pénétrant

Que la bise d’hiver dans la montagne.

 

Femmes oubliées au port altier

Vous êtes plus que la gardienne du foyer,

Vous en êtes l’âme,

L’eau et le bois,

Le pain et la théière sur le feu,

La cuisine et la lessive…

Et que serait tamagha°

Sans vos bendir et youyous joyeux ?

Sans vos danses déhanchées

Aux rythmes des chants et des qraqeb° ?

 

Femmes oubliées à la vie secrète,

Votre vie n’a pas de temps,

Les corvées envahissent vos journées.

De la cuisine à l’igrane°,

Pas de moments pour vos enfants

Que vous laissez vaquer en toute liberté,

Sans barrières ni retenues

Et encore moins de repères.

 

Femmes oubliées,

Dissimulées dans vos amples chtah° blancs

Au nom de quelles traditions

Bâillonnez-vous vos filles de voiles ?

Les empêchant de s’épanouir

Vers un monde que vous n’appréhendez pas.

Pour reproduire encore et encore

Vos vies confisquées par les hommes et les coutumes.

 

Femmes oubliées

Ne prêtez point l’oreille

À ces sombres shaïtan°

Et leurs mauvais prêches

Qui dans leurs maisons

Veulent vous enfermer.

Laissez-vous aller…

Au son de la flûte du vieux poète

Et de la danse…

Dans une transe des Lumières,

Ne vous oubliez pas.

 

Haïtam.

Tous droits réservés.

18 mars 2018.

Annotations°

tamagha: mariage.
qraqeb: castagnettes métaliques au son aigu.
igrane: pl. de ager: les champs, la palmeraie.
chtah: ample tissu qui part d'une épaule et qui est porté par dessus les autres vêtements.
shaïtan: diables, personnes malfaisantes.
2017 05 04 x min

Date de dernière mise à jour : 21/10/2021

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