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La Tbourida, un art équestre traditionnel

Courage, honneur, fierté, amour du cheval.

 

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Attraction traditionnelle et touristique très courue, la tbourida s'exprime à l'occasion des moussems,  où ce sont parfois de véritables concours qui sont organisés.

Si la fantasia a été abondamment représentée dans de nombreuses œuvres picturales, Eugène Delacroix, à qui le terme est attribué en 1833, avait ainsi nommé une de ces œuvres montrant une de ces belles chevauchées, la symbolique de la fantasia, sa gestuelle et ses origines restent peu connues du grand public. 
 
Originellement une technique guerrière, donc essentiellement masculine, la Tbourida, qui symbolise les valeurs de courage, d'honneur, de fierté et d'excellence a vu sa première troupe, ‘sorba’ ,féminine naître à Mohammedia en 2005.
« Un jour, une femme, dont le père est éleveur de chevaux et cavalier de fantasia est venue voir la princesse en lui expliquant qu'elle et des amies souhaitaient monter et participer à des spectacles de fantasia. La princesse leur a donné un coup de main et, dès l'année suivante, elles ont pu participer à des fantasias. Aujourd'hui elles ont leur propre championnat féminin. » tbourida.com.

 

Appelée tbourida, la poudre en darija, suivant les régions cet art équestre prend des vocables différents en berbère, tafrawt, envolée ou encore asbai désignant une caracolade.
C’est dans l’ensemble des plaines atlantiques, sur le plateau central, le Moyen Atlas et dans la Haute Moulouya que l’art de la fantasia s’est le plus répandu au Maroc.

 

5117215493 76a6758e1d bDes racines guerrières

Les nombreux moussems dédiés à de saints hommes ou les fêtes agricoles ont toujours été le lieu privilégié de l’expression de cet art équestre qui, s’il entretient toujours la coutume, est depuis plusieurs décennies souvent organisé à but touristique.
La tbourida est directement liée à l’introduction du cheval barbe, dans un premier temps en Libye au XIIIème siècle av JC, ensuite pas son adaptation comme monture par les paléo berbères. La conquête arabe enrichira ensuite le cheptel équestre marocain à travers les croisements des chevaux dits ‘arabes’ avec des barbes locaux.
Les berbères ont toujours été un peuple noble qui à travers cet exercice d’adresse équestre et de courage, perpétue une tradition guerrière d’une époque ancienne où il fallait toujours se maintenir sur le pied de guerre, pratiquer des expéditions punitives, piller des tribus voisines. 
Ces raids éclairs étaient possibles grâce à une cavalerie très légère et mobile, demandant un grand entrainement pour les cavaliers et leurs montures. Ceux-ci se devaient de posséder en plus de leur monture, fusil et cartouches.

 

Fantasia 2010 1Trophée Hassan II

Malmenée durant le Protectorat, la fantasia, malgré son manque d’organisation et de professionnalisme, retrouve une dynamique durant les années 60 dans les fêtes folkloriques. Néanmoins, la devenue célèbre ‘fantasia du siècle’ à l’occasion du quarantième anniversaire du Roi en 1969 regroupera pas moins de 2000 cavaliers à Rabat.
Cet évènement sera à l’origine d’un véritable retour de la tbourida sous l’impulsion de sa Majesté, qui grand amateur de sports équestres, incitera à réintroduire l’élevage équin dans de nombreuses régions de l’Atlas où cet élevage, pratiquement disparu sous l’occupation française, était traditionnel.
Cette compétition nationale de tbourida comprenant deux épreuves est la plus connue. La harda, le salut, évalue l’apparat du groupe, harnachement, maniement des fusils et tenue vestimentaire des cavaliers. La talsa juge l’alignement des cavaliers et la synchronisation de l’arquebusade.
Cette manifestation se déroule au Complexe Royal des Sports Equestres et de Tbourida Dar Es-Salam créé à Rabat en 2008. Cette structure héberge notamment une école de fantasia ainsi que des ateliers de confection des tenues des cavaliers et de fabrication des harnachements. Près de 1000 troupes comptant dans les 15000 chevaux évoluent dans cet art équestre.
 

2028966250Fantastique chevauchée


Le tourisme, devenu de masse durant les dernières décennies du XXème, a suscité la multiplication des manifestations folkloriques, des moussems et donc celle des fantasias qui de fait ont dû se professionnaliser davantage.
Les chevaux sont l’attention de soins particuliers dans des élevages spécialisés où ils sont entrainés, ainsi que leurs cavaliers, uniquement à la pratique de cette discipline équestre. 
La veille de leurs prestations les chevaux, à qui on donne une attention toute particulière, sont acheminés en camion ou dans des remorques tirées par des mules jusqu’au lieu de la parade où, choyés, ils sont dûment toilettés et nourris.
Ces montures particulières appelées asnahi, destrier en berbère, sont richement harnachées. Les selles sont brodées de soie, d’argent et d’or ; le harnachement est richement décoré, notamment le caparaçon frontal. Les rênes sont rehaussées d’entortillement de fils d’or, les étriers métalliques finement ciselés.
Les fusils, espèce de mousquet appelé moukhala dans les plaines atlantique, bou habba en berbère, présentant des crosses finement travaillées, incrustées de nacre, d’ivoire ou de cuivre, le canon cerclé d’argent, sont chargés de poudre pour une salve unique.
 
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La tbourida
 
En plus de celle, pédestre, répandue dans le Rif ou le Mzab et le Moyen Atlas oriental, la fantasia connait quelques variantes acrobatiques ou sans fusils.
Guerrière, l’on distingue deux tendances, la temerad et la guelba. Dans les deux cas, l’objectif est semblable, obtenir une unique détonation. Seul le départ est différent, dans la guelba, les cavaliers se présentent au trot en ordre dispersé, tournent bride et s’élancent dans un galop qui les retrouvent au coude à coude durant leur course, alors que dans la temerad celui-ci se fait départ aligné au coude à coude.

 

La poudre a parlé
 
Une fois alignés selon les règles, le chef prononce le rituel : ‘’ Au nom d’Allah et à la gloire du Prophète’’, les chevaux s’élancent, d’abord au petit trot vers les tentes caïdales dressées pour l’occasion, puis au bout de 50 m entament le galop de cette charge éphémère de 200 m. Les cavaliers acrobates, au coude à coude, rivalisent d’adresse dans le nuage de poussière soulevé par la cavalcade, qui dressé sur les étriers, certains les rênes entre les dents, les fusils tourbillonnants brandis à bout de bras, jusqu’à ce que, à faible distance de l’objectif leurs tirs parfaits se ponctuent d’une détonation sèche et unique sous l’ordre du chef de groupe.
Le galop est brusquement stoppé pour une volte face rapide, les youyous aigus des spectatrices avides du spectacle remplacent le lourd martèlement des sabots, montures et cavaliers retournent à leur point de départ. 
 
Le cheval barbe.
 
Le cheval barbe est une race pure originaire du Maghreb, Lybie, Tunisie, Algérie, Maroc et Mauritanie.
Basée sur des études paléontologiques et sur des analyses d’ADN, cette présomption est renforcée par les nombreuses gravures et peintures rupestres et par les monuments qui essaiment toute  cette partie de l’Afrique du Nord.
 
 FemalefantasiaCes inscriptions représentent la domestication d’un cheval ayant les caractéristiques morphologiques du cheval barbe actuel. Le cheval Barbe est élevé depuis l’antiquité pour la chasse, la guerre, la parade et le travail, il est le compagnon traditionnel des nomades et des éleveurs montagnards de l’Atlas et des Hauts Plateaux.
 Les chevaux barbes étaient déjà mentionnés par des auteurs romains, il y a plus de deux millénaires, sous le nom de cheval de Barbarie. Un grand nombre d’entre eux furent importés en Europe à partir du VII éme siècle où ils devinrent des montures de guerre, notamment en Grande-Bretagne. Il a influencé de nombreuses races dans le monde comme le Pure race espagnole et son voisin, le lusitanien ainsi que le Criollo argentin et le Mustang, descendant de chevaux barbes et ibériques retournés à l’état sauvage. Le barbe présente des variations de taille car il est plus grand et plus robuste à l’est qu’à l’ouest. Il existe différents types de barbes, mais ils partagent tous pour caractéristiques communes la tête longue, au profil busqué, surmontée d’oreilles moyennes. 
 
 
 

 

 
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