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Ahidous de l'Atlas et du sud-est marocain

Entre traditions populaires et mémoire collective.

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     L’Ahidous, comme  l’Ahwach du Souss,  est plus qu’une forme d’art musical populaire venant du lointain passé de la civilisation amazighe, c’est pour les populations du sud marocain une façon de danser et chanter ensemble sous une forme poétique l’attachement du nomade à la tribu, à sa terre et à son bétail, de partager joies et peines et de célébrer les fêtes familiales et villageoises.

Émotions et chants deviennent une transmission, une clé d’accès au monde invisible et païen de la mémoire collective amazighe.
Le sacré, quête des origines, remise en question, invocation, et le profane,  amour, joie, souhaits et angoisses, se croisent et prennent place dans cet héritage d’expression corporelle et musicale communautaire.
 

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     L’Ahidous pratiqué surtout dans le Haut ou le Moyen Atlas et dans le sud-est marocain propose plusieurs variantes. 
 
 L’ahidous askwat rassemble un grand nombre de personnes lors de grands événements tribaux ou villageois alors que l’ahidous amezian en désigne une pratique davantage familiale notamment pour les mariages, tamgha, les fiançailles, khotoba.
 
 Il est composé de trois éléments essentiels: les chants poétiques, izlan, parfois improvisés, la danse rassemblant hommes et femmes, et l'igdeum, percussion en peau incontournable de tous rassemblements festifs chez les berbères. 

Le sens mystique de la danse ne se dégage pas nettement de l'ahidous, sauf peut-être de certaines formes spéciales comme l'ahidous n'tislit dansé chez les Aït Hadiddou de la région d'milchil au moment où la mariée rejoint la maison de son mari: le chant qui l'accompagne est une véritable incantation, on l'appelle d'ailleurs  lfal, le sort.

Dans l'ahidous ordinaire, le chant s'appelle izli (plur. izlan). C'est un poème d'une extrême concision, en général deux versets qui se répondent. Il est lancé par le meneur de la danse sur un air qui varie selon les tribus, puis repris par les danseurs qui longuement le psalmodient en le répétant plusieurs fois.  L'izli est souvent improvisé et l'ahidous peut être l'occasion de belles joutes poétiques.
 
 
Poésie purement orale, jaillie de la vie même de la tribu, les izlan sont familiers à tous.

 

On les chante, on les cite fréquemment, les meilleurs franchissent les limites du groupe, certains passent en proverbe. Les sujets sont ceux de toute poésie populaire, mais avec une tendance marquée vers la satire. Les hommes et les événements y tiennent donc une très grande place; dans l'Atlas central, être la risée des gens se dit être l'izli du monde.

Les danseurs se mettent en cercle, en demi-cercle ou sur deux rangs se faisant face, hommes seuls, femmes seules, ou bien hommes et femmes alternés, étroitement serrés épaule contre épaule, formant un bloc solidaire. 

Les mouvements corporels des participants sont collectifs; un piétinement, un tremblement entrecoupé d'ondulations larges comme le vent sur les blés. Les bustes se balancent d’avant en arrière au rythme de l’igdeum, des battements de mains et de pieds.

 

Source: Maroc Central. J. Robichez. Édition Arthaud. 1946.

 

Date de dernière mise à jour : 30/07/2019

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